Louange à Dieu, Seigneur des mondes, et que la bénédiction et le salut de Dieu soient accordés au sceau et dernier des Prophètes, notre maître Muhammad ainsi qu'au reste des Prophètes.
Dieu a assigné à toute l'humanité de suivre la voie qu'Il lui a tracée, et ce, depuis qu'Il a institué Adam , l'ancêtre du genre humain, comme Vicaire sur terre.
Depuis, l'homme n'a cessé, à travers les temps, de violer les prescriptions divines, de les altérer et de les falsifier. Allah envoya alors des Messagers pour reconduire les hommes dans la voie de rectitude de laquelle ils s'égaraient. La vie et la prédication de ces Messagers constituent un exemple sublime de lutte pour la cause d'Allah à Lui la transcendance et l'exaltation.
La prophétie est une sélection de la part de Dieu et non pas un rang auquel on accède par la piété, le culte et la continence.
Les prophètes étant des hommes tout comme les autres, ils mangent, boivent, se marient et éprouvent les sentiments comme leurs semblables humains.
A la seule différence qu'Allah les a doués d'infaillibilité comme qualité inhérente qui les préserve de commettre le péché. Certains hommes ont trouvé absurde que Dieu choisisse Ses Messagers parmi les humains, car ils s'attendaient à ce qu'ils fussent élus parmi les Anges.
« Rien n'empêche les gens de croire, lorsque la bonne direction leur est indiquée, si ce n'est le fait de dire: "Dieu envoie-t-Il un homme comme messager ? »
[ Sourate 17 Le Voyage Nocturne Verset 94. ]
« Le conseil formé de notabilités mécréantes parmi le peuple de Noé déclara: "Cet individu n'est qu'un homme, semblable à vous, qui cherche à vous surpasser. Si Dieu avait voulu nous enseigner, Il nous aurait envoyé des Anges. Nous n'avons rien entendu de ce qu'Il raconte du temps de nos premiers ancêtres. » [ Sourate 23 - Verset 24 ]
La nature humaine des messagers ne constitue aucunement une attaque qui récuserait la prophétie. Elle est plutôt la preuve de la véracité de leur prédication. Car comment interpréter, sinon, le fait qu'un être humain fasse des miracles dont le reste des hommes en sont incapables et que malgré cela, il ne prêche point sa personne à une époque où les gens se rendaient le culte entre eux, en dehors de Dieu ? Y a-t-il en cela la moindre trace de recherche de gloire pour sa propre personne ?
Nous ne pouvons donc avoir d'autres attitudes vis-à-vis de ces messagers que de croire à leurs missions et de nous moquer des attaques des mécréants qui ne font, en fait, que raffermir cette croyance.
La croyance aux Messagers représente l'un des fondements de la foi, tel qu'il est rapporté dans le saint Coran et dans les traditions du Messager de Dieu . La croyance en ces messagers affermit notre adhésion et l'assentiment de nos coeurs à la foi. Elle exclue le doute et l'incertitude.
Il n'y a pas une communauté qui n'ait eu de Prophète. Ainsi, les hommes ne peuvent rien avancer comme excuse pour justifier leur égarement, une fois comparus devant Dieu . Les prophètes sont par conséquent très nombreux. Allah ne nous a raconté les histoires que d'un certain nombre d'entre eux.
« Certes, Nous avons envoyé des Messagers avant toi : des uns Nous t'avons raconté l'histoire ; des autres Nous ne t'avons rien dit. Et il n'appartient pas à un Messager d'apporter un signe [ou verset] si ce n'est avec la permission d'Allah. Lorsque le commandement d'Allah viendra, tout sera décidé en toute justice; et ceux qui profèrent des mensonges sont alors les perdants » [Sourate 40 - Verset 78 ]
Il est obligatoire de croire à tous les Messagers, notamment à : Adam, Idris, Noé, Hûd, Sâlih, Loth, Abraham, Ismaël, Isaac, Jacob, Joseph, Chu'ayb, Job, DûI-Kifl, Moïse, Aaron , David, Salomon, Elie, Elisée, Jonas, Zacharie, Jean-Baptiste, Jésus, Muhammad - que Dieu les couvre tous de Sa bénédiction et de Son salut -
La présente étude expose la vie de chacun d'eux et les enseignements à tirer de leur comportement par quiconque est doué de conscience et de bonne volonté.
Kadija :
Khadîja bint Khuwaylid, surnommée « Tâhira » (la pure), était mecquoise de la tribu Asad.
Elle était veuve et avait trois enfants de deux précédents mariages :
Un garçon, Hind, qui fut parmi les premiers musulmans. Il participa notamment à la bataille de Badr.
Il fit partie de ceux qui furent tués lors de la bataille du Chameau au début du califat de Ali .
Et deux filles, l'une prénommée Hala et l'autre Hind, comme son frère.
Lors de son mariage avec le Prophète - Que la Paix et la Bénédiction soient sur lui - Khadîja [qu'Allah soit satisfait d'elle] avait environ quarante ans.
On la disait belle. Elle partageait son temps entre ses enfants et ses affaires.
Riche commerçante à la Mecque, elle fut amenée à confier à Muhammad le transport par caravanes de ses marchandises vers la Syrie.
Elle eut ainsi l'occasion d'apprécier la manière dont il s'acquittait de chacune de ses missions et elle lui accorda de plus en plus sa confiance, puis son amitié et son affection.
Muhammad avait alors autour de vingt-cinq ans. La Révélation n'avait pas encore commencé. Cependant, il jouissait déjà de la considération et du respect de ses concitoyens, en raison de ses belles qualités morales et de ses bonnes manières. Il était surnommé « Al-Amîn » !
On faisait souvent appel à lui pour régler des différents. En particulier, au moment de la reconstruction de la Ka'bâ.
Bien qu'il ait été pauvre, nous constatons que Muhammad avant même l'avènement de l'Islam - était un personnage qui se distinguait déjà de ses concitoyens. Quant à Khadîja [qu'Allah soit satisfait d'elle] nous savons qu'elle avait déjà repoussé de nombreuses demandes en mariage émanant, pour la plupart, de notables de la ville.
Elle donnait à penser qu'elle ne souhaitait pas se remarier. Il semble, cependant, qu'elle ait été sensible aux nombreuses qualités de Muhammad et qu'elle se soit prise pour lui d'un tendre attachement, puisqu'elle s'en confia à une amie, Nufaysa, qui s'arrangea pour parler à Muhammad . Voici ce qui nous est rapporté de cette conversation:
Muhammad comprit d'où venait une telle confiance. Effectivement, quelque temps plus tard, alors qu'il avait donné son accord, c'est Khadîja qui fixa elle-même la date de leur mariage. Celui-ci eut lieu en l'an 595, soit quinze années avant que ne parvienne au Prophète la première Révélation du Coran. Le jour du mariage, Muhamrnad se rendit chez elle avec un de ses oncles, Abû Tâlib.
On nous rapporte que Khadîja qui n'avait plus son père, n'avait pas osé demander l'avis de son oncle, Amr ibn Asad, craignant sans doute une objection de sa part à propos de la modestie des moyens du futur époux.
Elle le laissa s'enivrer et lorsque Muhammad arriva pour présenter sa demande officielle, Abû Tâlib, son oncle, put tranquillement formuler la demande et vanter tout à loisir les qualités de Muhammad . Il fut appuyé en cela par un cousin de Khadîja, Waraqa ibn Nawfal, qui déclara également soutenir la demande en mariage. Comme l'oncle de Khadîja ne manifesta aucune objection, il fut admis qu'il avait donné son accord.
Les invités mangèrent des dattes et du sucre. Dans la soirée, l'oncle de Khadîja, reprenant ses sens, ne put que constater que le mariage avait été célébré et laissa Muhammad emmener son épouse chez lui.
Un repas fut servi à l'arrivée de Khadîja dans la maison d'Abû Tâlib, suivant la coutume. On évalue à environ 200 le nombre d'invités qui participèrent au repas de noces.
Après un court délai, les époux allèrent habiter dans la maison de Khadîja. C'était en l'an 595 - 28 ans avant l' Hégire - Les avis divergent à propos de la dot que Muhammad remit à son épouse lors du mariage :
- selon Ibn Hishâm, ce serait vingt chamelles ;
- selon Ibn Habîb, ce serait douze onces d'argent - représentant 480 dirhams -
À moins qu'elle ne reçût à la fois les 20 chamelles et les 12 onces d'argent !
La vie du couple fut très heureuse et paisible avant le début de la Révélation du Coran.
Ensuite, lorsque celle-ci fut rendue publique, ils eurent à supporter ensemble toutes les souffrances résultant des persécutions infligées aux musulmans. On nous rapporte que Muhammad aimait tendrement sa femme, ce qui est plusieurs fois souligné par des ahadîth que nous devons à Aisha . De son côté, Khadîja fut une épouse aimante.
Elle fut la première à le soutenir durant leurs grandes épreuves. C'est elle en particulier qui le réconforta lorsqu'il reçut la première Révélation. En effet, il en fut si inquiet qu'il craignit un moment d'être le jouet du diable, ou de perdre la raison. C'est elle encore qui le consola lorsqu'il se crut abandonné de Dieu, parce que la Révélation avait cessé pendant quelque temps.
« [...] Ton Seigneur ne t'a pas abandonné [...] »
[ Sourate 93, verset 3 ]
Il n'épousa aucune autre femme pendant les vingt-cinq ans que dura leur union, alors que la polygamie était pratique courante et ne faisait alors l'objet d'aucune réglementation.
En dix années, Khadîja donna sept enfants à Muhammad , et ils élevèrent ensemble les enfants que Khadîja avait eus avant leur mariage et ceux issus de leur union avec la même affection.
Nous savons que les trois garçons - Qâssim qui valut au Prophète le surnom de « Abû al-Qâssim » (le père de Qâssim), Tahib et Tahir - sont morts en bas âge, avant la période islamique.
Les quatre filles, Zaynab, Ruqaya, Um Kalthûm et Fâtima [qu'Allah soit satisfait d'elles] vécurent toutes jusqu'au delà de la Révélation et furent parmi les premières musulmanes.
Cependant, trois d'entre elles moururent avant leur père ; seule Fâtima lui survécut quelque temps, tous ses autres enfants étant morts avant lui.
Après son mariage avec Khadîja , le Prophète s'occupait de commerce pour son compte et gagnait suffisamment pour subvenir aux besoins de sa famille. Il continuait en outre à veiller aux affaires de Khadîja, qui - suivant la coutume mecquoise - avait conservé la propriété de ses biens après son mariage.
Nous évoquons ici une période où l'Islam n'avait pas encore fait son apparition et où les gens de la Mecque étaient, pour leur très grande majorité, des idolâtres. Il s'écoula de nombreuses années ainsi. Ce n'est que lorsqu'il eut atteint l'âge de quarante ans que se produisit la première Révélation du Coran.
À cette occasion, on nous rapporte qu'il fut saisi d'une grande frayeur et vint se confier à Khadîja , l'épouse, la confidente, l'amie, lui racontant ce qui lui arrivait, craignant de devenir fou ou d'être l'objet d'une machination diabolique. On nous rapporte qu'elle le consola ainsi :
« N'aies pas peur ! Dieu ne te mettra jamais à mal. Dieu ne te fera que du bien car tu aides tes proches, tu soutiens ta famille, tu gagnes honnêtement ta vie, tu maintiens les autres dans la droiture, tu donnes asile aux orphelins, tu dis la vérité, tu ne t'appropries pas frauduleusement les dépôts, tu secours ceux qui n'ont rien, tu fais du bien aux pauvres et tu traites tout le monde avec courtoisie. » [ Rapporté par Al Boukhari ]
Khadîja accueillit l'évènement avec beaucoup de sérénité. Puis, les révélations se répétèrent et les rencontres avec l'Ange Gabriel se produisaient, pas seulement lorsqu'il était dans la Grotte, mais également dans d'autres lieux, même chez lui lorsqu'il était auprès d'elle.
Vint le temps où l'Ange Gabriel transmit au Prophète l'ordre divin consistant à rendre public le Message de Dieu et donc de faire connaître les versets révélés jusqu'alors. Le Prophète commença par ses proches, et nous savons que Khadîja fut la première à prononcer la shahâda : « Nulle divinité digne d'adoration exepté Allah et Muhammad est Son Envoyé. » Elle fut la première femme à embrasser l'Islam.
Un jour, l'Ange Gabriel est venu apprendre au Prophète le rituel de la purification et de la prière. Il demanda de l'eau et lui enseigna la manière de pratiquer la purification rituelle par l'ablution. Ensuite, il lui enseigna le rituel de la prière en se plaçant devant lui. Il fit deux cycles (raka'a) que le Prophète répéta après lui. Khadîja accomplit à son tour la prière après le Prophète .
On nous rapporte que 'Ali , fils d'Abû Tâlib, recueilli par le Prophète lors d'une période de famine et élevé par lui, et qui avait environ sept ans, entra à cet instant. Avant de prononcer lui-même la shahâda, il pensa d'abord aller consulter son père, puis se ravisa et y renonça, jugeant - avec une maturité surprenante pour son âge - que Dieu avait plus de droit sur Ses Créatures que son propre père n'en pouvait avoir sur lui. Il prononça donc la shahâda et accomplit une prière de deux rak'a à son tour. L'Ange Gabriel les quitta après. Bien entendu, la Révélation du Coran n'en était qu'à ses débuts. Elle dura jusqu'à la mort du Prophète quelque vingt-trois ans plus tard.
Khadîja en raison de sa personnalité et de sa réputation à la Mecque - apporta une aide considérable au Prophète , en particulier dans les premiers temps de sa mission. Le Prophète a dit, à son propos : " Elle a eu confiance en moi lorsque les autres ne m'ont pas cru. Elle a mis ses biens à ma disposition pour la cause de l'Islam. "
En effet, non seulement elle lui donna sa confiance, mais lui apporta son soutien sans réserve et mit de surcroît ses biens à la disposition de l'Islam. On nous rapporte qu'en outre, elle fut à l'origine de la conversion de quelques-uns de ses parents. Ce sont d'ailleurs certains de ses cousins qui firent parvenir des vivres à la famille du Prophète lorsqu'ils furent exilés, et ce, en prenant de grands risques.
Khadîja subit l'exil dans le désert au moment du boycottage. Épuisée par les souffrances et les privations, elle tomba malade. Le Prophète la soigna et l'assista jusqu'à ses derniers instants. [Bukhârî et Muslim]
Elle mourut le 10 ème jour du mois de Ramadan de l'an 620 (à peu près trois ans avant l'Hégire). Elle était âgée d'environ soixante-cinq ans.
Le Prophète l'enterra lui-même. Ce fut une perte cruelle pour lui car il aimait tendrement son épouse. Il perdit, en même temps, son oncle et protecteur, Abû Tâlib. Désormais, il se retrouvait très seul.
À propos de Khadîja , un certain nombre de ahadîth nous ont été rapportés. En voici quelques-uns.
Le Prophète a dit : " La meilleure des femmes au monde a été Marie; la meilleure des femmes de ma Communauté a été ma première Épouse Khadîja." [ Rapporté par Al-Bouhkari].
Selon une autre version :
« Les éminentes femmes du Paradis sont Marie, fille de Imran, Assia, fille de Mezahem, femme de Pharaon. Khadîja, fille de Khuwaylid, et Fâtima, fille de Muhammad. » [ Rapporté par Ahmed et Hakim]
Le Prophète bien qu'elle fût morte depuis de longues années déjà, parlait encore d'elle avec beaucoup d'affection. Aisha nous rapporte que, lorsqu'il égorgeait un mouton, il en envoyait une part aux amies de Khadîja.
Aisha a dit encore : « Je n'ai jamais été aussi jalouse d'une femme comme je l'ai été de Khadîja. »
Le Prophète Muhammad avait été chargé de lui annoncer : « Elle aurait, au Paradis, une maison de nacre et qu'elle n'y serait troublée par aucun bruit.» Ou, selon une autre version : « [...] d'où seraient exclus la fatigue et les cris. »
Qu'Allah soit satisfait de notre Mère Khadîja.
Sawda :
Le Prophète se retrouvait désormais seul, qui plus est, éprouvé par la perte des deux personnes qui l'aimaient et le soutenaient vraiment. Il dut songer à se remarier. Il avait, en effet, de lourdes responsabilités à l'égard de sa communauté et il fallait bien que quelqu'un de confiance le seconde dans sa maison auprès de sa famille.
Il prit donc une épouse d'un certain âge possédant une expérience et une maturité certaines.
Sawda était mecquoise. Fille de Zam'a ibn Kais, elle avait été mariée avec As-Sukran ibn Amru. Elle fut parmi les premières femmes à devenir musulmane et fut à l'origine de la conversion de son mari, As-Sukran.
En raison des persécutions infligées aux fidèles de la nouvelle religion, certains émigrèrent pour se rendre en Abyssinie où le Négus, roi de ce pays, leur fit un excellent accueil et les protégea de leurs poursuivants mecquois, refusant de les leur restituer.
Sawda et son mari avaient été du premier groupe qui avait émigré. Avec eux, se trouvaient un des frères de Sawda et un de ses cousins, également convertis et qui avaient aussi émigré.
Le mari de Sawda, dont on nous rapporte qu'il aurait apostasié, mourut, et elle se retrouva veuve, peu avant la mort de Khadîja. Elle fit preuve de beaucoup de courage et de fermeté dans ces circonstances. Elle revint bientôt à la Mecque.
Une femme de la Mecque parmi les premières à avoir embrassé l'Islam, Khawla, se rendit un jour auprès du Prophète , après la mort de Khadîja , et lui suggéra de prendre une nouvelle épouse « ... soit une jeune fille, soit une veuve », et lui proposa notamment de demander la main de Sawda qui était son amie et avec laquelle elle avait émigré en Abyssinie.
Le Prophète , qui avait été impressionné par la force et la fermeté de cette femme de cinquante ans, la demanda en mariage, lui témoignant ainsi de son estime. En même temps qu'il trouvait une épouse pour veiller sur sa maison, il offrait à cette femme une famille, un soutien.
Le mariage eut lieu au mois de Shawwâl de l'an 3 avant l'Hégire, plusieurs mois après la mort de Khadîja , peu après le voyage à Ta'if. La dot que reçut Sawda s'éleva à 400 dirhams. Fervente dans sa foi, elle fut honorée par cette distinction. Elle fut une épouse très attentive et dévouée auprès de la famille.
En raison de ses origines modestes, les membres de sa tribu furent également honorés que Sawda ait été distinguée pour devenir l'épouse du Prophète , lui-même issu d'une famille noble de la Mecque. Nombreux se convertirent à cette occasion, convaincus par le message de l'Islam et séduits par la simplicité du Prophète .
Sawda fut une grande amie pour certaines des autres épouses dont nous parlerons plus loin, en particulier pour Aisha qui était encore jeune lors de son entrée dans la maison de l'Envoyé d'Allah. Plus tard, elle retrouva parmi les Mères des Croyants certaines de celles avec lesquelles elle avait émigré.
Nous savons qu'elle accompagnait le Prophète lors du pèlerinage de l'Adieu. Durant la nuit de Muzdalifa, elle demanda la permission de retourner vers Mina avant la grande foule du matin, car elle avait du mal à se déplacer en raison de son poids. Le Prophète l'y autorisa.
C'est Aisha qui nous parle le mieux d'elle, car sa personnalité très discrète, presque effacée, et cependant efficace, n'a pas donné lieu à d'aussi nombreuses observations que pour certaines autres épouses. Nous savons, cependant, qu'elle était agréable de compagnie et très charitable. Elle faisait parfois rire le Prophète .
Ainsi, Aisha a dit à son sujet : « Je n'ai guère connu de femme à laquelle j'aurais aimé ressembler autant que Sawda. » [Rapporté par Muslim]
Aisha nous rapporte encore que : « Lorsque Sawda eut atteint un certain âge, elle m'a cédé sa nuit avec l'Envoyé d'Allah. » [Rapporté par Muslim]
L'Envoyé d'Allah assignait à chacune de ses épouses une journée avec la nuit correspondante. Sawda [qu'Allah soit satisfait d'elle] avait fait don de son jour à Aisha pour se rendre agréable au Prophète. Au moment de la révélation du verset de l'option, elle avait choisi de demeurer Mère des Croyants, mais elle avait renoncé aux visites conjugales de l'Envoyé d'Allah.
Le Prophète avait permis aux femmes de sortir, en disant à Sawda [qu'Allah soit satisfait d'elle] : « II vous est permis de sortir de vos maisons pour votre besogne. » [Tafsîr lbn Kathîr]
Après la disparition de Muhammad, Sawda n'accomplit plus aucun voyage, et demeura chez elle. Elle renonça même à se rendre en pèlerinage à la Mecque. Elle avait auparavant accompagné le Prophète pour le pèlerinage et pour la 'Umra.
Un jour, elle dit au Prophète : « J'ai prié derrière toi cette nuit. Tu es resté dans la prosternation (si longtemps) que j'ai bouché mon nez de peur qu'il ne saigne. »
Toujours selon Aisha [qu'Allah soit satisfait d'elle], quelques-unes des épouses avaient posé la question : « Quelle sera celle d'entre nous qui sera la plus prompte à te rejoindre après ta mort ? » - « Celle dont la main est la plus large », répondit-il.
Elles prirent un roseau pour mesurer les mains de chacune et ce fut Sawda qui avait la main la plus large. Plus tard, elles comprirent que lorsque le Prophète leur avait parlé de la « largeur de la main », il avait voulu parler de celle qui était la plus généreuse et qui faisait le plus d'aumônes !
Précisément, Sawda donnait tout ce qu'elle possédait. Aisha nous rapporte qu'elle était très généreuse.
Or, d'après ce qui est rapporté, Sawda fut l'une des plus promptes des Mères des Croyants à mourir après la disparition du Prophète. Et c'était, aux dires mêmes des Mères des Croyants, elle qui aimait le plus faire l'aumône avec Zaynab bint Jahsh.
On croit savoir qu'elle est morte en l'an 24 de l'Hégire, vers la fin du califat de 'Umar . Elle devait avoir entre soixante-dix et soixante-quinze ans.
Toutefois, selon une autre source, on trouve qu'elle serait morte en 54 de l'Hégire ; il faudrait alors en conclure qu'elle aurait été âgée de plus de cent ans. Mais, si elle devait être avec Zaynab, la plus prompte à rejoindre le Prophète, nous nous trouvons devant une contradiction. Allah est le plus Savant.
Elle fut enterrée dans le cimetière des femmes de Médine.
Elle légua son appartement à Aisha sa grande amie. En effet, leurs appartements étaient mitoyens et cela permit à Aisha d'agrandir le sien qui était devenu petit après l'enterrement du Prophète dans sa chambre, à l'endroit même où il avait rendu le dernier souffle.
Qu'Allah soit satisfait de Sawda.
Autres femmes : Aisha, Hafsa, Zaynab bint khuzama, etc...
Chaque Envoyé de Dieu a eu son cercle de disciples qui l'a soutenu et affermi dans sa mission en ce bas-monde. Ces croyants de la première heure sont ceux aussi qui ont eu le mérite de garder et de préserver les enseignements transmis par les prophètes de Dieu aux générations futures. Si le judaïsme a eu ses « juges » et si le christianisme a eu ses « apôtres », l'islam a eu ses « compagnons » As-Sahâba , les proches disciples du Prophète qui l'ont soutenu dans son apostolat et qui ont propagé, après sa mort, son message.
C'est grâce à eux que les enseignements de l'islam nous sont parvenus intacts. Par leur dévouement et leur fidélité à la voie du Prophète ils ont pu nous transmettre les dires et les actes de ce qui constitue aujourd'hui, la Sunna de l'Envoyé de Dieu, deuxième fondement de l'islam après le Coran.
N'est-ce pas grâce à eux que le Saint Coran fut conservé et protégé des altérations que connurent les précédentes Écritures saintes ? N'est-ce pas grâce à eux que le Message du Prophète se propagea aux quatre coins du monde et supplanta les autres croyances tombées en désuétude ? Le Saint Coran les a décrit ainsi :
Il est, parmi les croyants, des hommes qui ont été sincères dans leur engagement envers Allah. Certain d'entre eux ont atteint leur fin, et d'autres attendent encore; et ils n'ont varié aucunement dans leur engagement
[ Sourate 33 - verset 23 ]
Riches ou pauvres, libres ou esclaves, le seul dénominateur commun qui les liait était la foi en Dieu et la fidélité au Message du Prophète c'était leur raison de vivre et leur idéal pour lequel ils ont tout donné, y compris leur vie.
À ce titre, le professeur Khâlid Muhammad Khâlid s'interroge « Qui a incité les nobles du peuple du Prophète à accourir pour embrasser ses paroles et sa religion : Abû Bakr, Talha, Az-Zubayr, 'Uthmân ibn 'Affân, 'Abd Ar-Rahmân ibn 'Awf et Sa'd ibn Abî Waqqâs . Ils quittèrent tout ce qu'ils avaient comme gloire et faste pour la voie de l'épreuve ? »
En effet, qu'est-ce qui a poussé les faibles de son peuple à accourir pour être sous son étendard et le suivre, lui qui était sans armes et sans argent. Il n'était pas à l'abri de la méchanceté et de la haine de ses proches, de son clan, de son peuple. Ces premiers temps de l'islam où l'épreuve était grande pouvaient repousser les premiers convertis, mais la force du message les a attirés. Seul Dieu savait à ce moment-là, les répercussions de la Révélation. Par conséquent, il est du devoir de chaque croyant et de chaque croyante de connaître la vie et l'oeuvre prodigieuse des compagnons pour imprégner sa vie de leur exemple.
Ces femmes et hommes qui méritent notre respect et notre admiration expriment bien la force de ce message et la grandeur de notre Prophète qui leur a enseigné l'islam et les a aimés. Cette fraternisation, cet amour qui les unissait ne pouvait être que le fruit d'un message divin. Leurs épreuves et leur dévouement sont à la mesure du sentiment du Prophète :
« Ne dites pas du mal de mes compagnons, car je jure, par Dieu, que même si l'un d'entre vous donne en aumône l'équivalent de la montagne de Uhud, il n'égalerait pas les mérites d'un seul de mes compagnons. »
[ Rapporté par Boukhari et Mouslim ]
Et bien d'autres.
Allah - qu'Il soit exalté - dit :
{ Ils dirent : Gloire et pureté à Toi ! Nous ne savons rien en dehors de ce que Tu nous as enseigné. Car Tu es l'Omniscient, le Sage.}
[ Sourate 2 - La Vache - Al Baqarah - Verset 32 ]
La première Sourate inspirée au Messager d'Allah, Mohammed ben Abd Allah- Salut et Bénédiction sur lui - durant sa retraite au mois de Ramadan en l'an 612, dans la caverne du mont Hira était la Sourate du savoir, de la science.
Allah dans son infinie bonté - sanctifié et glorifié soit Son Nom - pour inciter les Musulmans à étudier, Il magnifié soit son Nom - fait l'éloge de la plume instrument de la science humaine en ces termes :
Au Nom d'Allah le Clément le Miséricordieux
Lis, au Nom de ton Seigneur, qui a créé -
Il a créé l'homme d'un caillot de sang
Lis, car ton Seigneur est le Très-Généreux -
Qui a instruit au moyen du qalam ( plume );
Il a enseigné à l'homme ce qu'il ignorait.}
[ Sourate 96 - L'adhérence - Al-Alaq - Versets 1 à 5.]
Le Messager d'Allah, Mohammed Ibn Abd Allah dit :
« Celui qui abandonne son foyer pour se mettre en quête du savoir,
suit la voie d'Allah.»[ Rapporté par AI-Boukhari ]
Omar Ibn AI-Khattab - qu'Allah l'agrée - disait à son fils AbderRahman :
"Mon fils, cherche à connaître tes origines, cela facilitera la reconstitution des liens de ta parenté. Apprends la meilleure poésie, tu amélioreras ton comportement et tes manières."
Il est inconcevable de parler des Savants Musulmans sans dire deux mots au préalable, sur leur instigateur, Maitre à penser, leur mentor, le Messager, Mohammed ibn Abd Allah .
Voyons ce que disent les grands de ce monde à son sujet :
«Jamais homme ne se proposa, volontairement ou involontairement, un but plus sublime, puisque ce but était surhumain : saper les superstitions imposées entre la créature et le Créateur, rendre Allah à l'homme et l'homme à Allah, restaurer l'idée rationnelle et sainte de la divinité dans ce chaos de dieux matériels et défigurés de l'idolâtrie [... ] si la grandeur du dessein, la petitesse des moyens, l'immensité du résultat sont les 3 mesures du génie de l'homme, qui osera comparer humainement un grand homme de l'histoire moderne à Mohamed ? Les plus fameux n'ont remué que des armes, des lois; Ils n'ont fondé quand ils ont fondé quelque chose, que des puissances matérielles écroulées souvent avant eux. Celui-là a remué des armées, des législations, des empires, des peuples, des dynasties, des millions d'hommes sur un tiers du globe habité; mais il a remué, de plus, des idées, des croyances, des âmes. »
il ajouta:
« S'il faut juger la valeur des hommes par la grandeur des oeuvres qu'ils ont fondées, nous pouvons dire que Mohamed fut un des plus grands hommes qu'ait connus l'histoire... moins qu'un dieu, plus qu'un homme, un prophète. »
A.Lamartine, (Histoire de la Turquie, 1854).
«Jusqu'à ce jour il n'est pas un homme qui puisse se comparer à Mohamed.»
(Goethe)
Il ajouta:
« Et c'est une oeuvre immense que Mohamed a accomplie; Par le seul concept de l'Unique. Il a soumis l'univers entier.»
(Goethe: Divan Ouest-Oriental.)
Lamartine et Goethe n'étaient pas les seul à émettre cet avis, il y en a d'autres, et pas des moindres.
«J'ai toujours eu une grande estime pour la religion prêchée par Mohamed parce qu'elle déborde d'une vitalité merveilleuse. Elle est la seule religion qui me paraît contenir le pouvoir d'assimiler la phase changeante de l'existence-pourvoir qui peut la rendre si alléchante à toute période. J'ai étudié cet homme merveilleux, et, à mon avis, loin d'être un antéchrist, il doit être appelé le sauveur de l'humanité. Je crois que si un homme comme lui prenait la dictature du monde moderne, il réussirait à résoudre ses problèmes d'une façon qui lui apporterait la paix et le bonheur si nécessaires. J'ai prophétisé sur la foi de Mohamed, qu'elle sera acceptable à l'Europe de demain, comme elle commence à devenir acceptable à l'Europe d'aujourd'hui.»
(Georges Bernard Shaw)
Je voulais tout bonnement venir au fait que le Messager d'Allah, Mohamed , illettré comme il était dit par :
« Le miracle par excellence de l'islam c'est le Coran... Comment un livre aussi merveilleux aurait pu être l'oeuvre de Mohamed un Arabe illettré... Le Coran ne pouvait être l'oeuvre d'un homme sans instruction... A moins qu'il n'ait eu l'aide d'Allah Tout Puissant.»
(Docteur Laura V. Valgieri)
L'Islam est une civilisation du savoir, de la connaissance, de la culture, de l'érudition, de l'éducation, de la science, de l'instruction et de la morale. Il a également développé chez les Musulmans un esprit positif, il n'y a qu'à lire les versets du Coran ci-dessous, pour être convaincu:
Allah dit:
{ Dis : «Sont-ils égaux ceux qui savent et les ignorants ?
les hommes doués d'intelligence sont les seuls qui réfléchissent. }
[ Sourate 39 - Les groupes - Az-Zumar - Verset 9 ]
{ Ceux qui craignent le plus Allah de Ses serviteurs, sont les savants [....] }
[ Sourate 35 - Le Créateur - Fatir - Verset 28 ]
{ C'est Lui qui, pour vous, a édifié les étoiles afin que vous vous guidiez
d'après elles dans les ténèbres de la terre et de la mer.
Nous détaillons ainsi Nos signes pour ceux qui savent. }
[Sourate 6 - Les bestiaux - Al-Anam - Verset 97 ]
Abou Houreira - qu'Allah l'agrée - rapporte du Messager d'Allah ces propos : « Cent degrés séparent la position du savant de celle du dévot. Entre chaque degré, il y a la distance que couvre un cheval au galop au cours de soixante-dix années. » [ Rapporté par Tirmidhi et Abou Daoud.]
Le Messager d'Allah, Mohammed dit: «Les Anges étendent leurs ailes sur celui qui recherche le savoir et sont satisfaits de son oeuvre ». [Rapporté par An-Nessa'i et Tirmidhi ]
Abou Houreira rapporte que l'Envoyé d'Allaha dit : « Les savants sont les héritiers des Prophètes.» [ Rapporté par Mouslim ]
Et selon Abou Darda'j'ai entendu le Messager d'Allah dire : «Les Savants sont les héritiers des Prophètes. Les Prophètes ne lèguent aucun dinar ni dirhem, par contre, ils lèguent la science. Celui qui s'emparera d'elle (la science), se pourvoira d'un privilège grandissant. » [ Rapporté par Abou Daoud, Tirmidhi, Ibn Madja et AI-Béihaqi ]
Abou Houreira dit, j'ai entendu le Messager d'Allah : « Dans le cas où quelqu'un vienne à vous, dans le but d'étudier, traitez-le avec déférence et estime, car c'est mon convive.» [ Rapporté par Mouslim et AI-Boukhari ]
Dans le testament de Loqman - que la paix soit sur lui -, il dit à son fils «Fils, fréquente les savants et rivalise avec eux de toute ton énergie. Allah vivifie les coeurs avec la lumière de la sagesse comme il vivifie la terre avec la pluie qui tombe du ciel »
Ali Ben Abi Talibdit un jour à Koumil : "Koumil, le savoir est de loin préférable à l'argent. Car, le savoir veille sur toi, mais par contre, tu veilles sur l'argent. Le savoir est un maître. L'argent est condamné, puisqu'il diminue à la dépense et le savoir augmente lorsqu'il est partagé."
Il dit également : "L'orphelin n'est pas celui qui a perdu ses parents. Non L'authentique orphelin est celui qui ne possède ni savoir, ni éthique."
Abdallah ibn Abbas rapporte ces propos "On a donné à choisir à Salomon d'entre le savoir, l'argent ou la royauté. Il choisit le savoir. Et l'argent et la royauté lui furent donnés avec le savoir"
Zoubir ben Abi Bakrraconte : "Lors de mon séjour en Irak, j'ai reçu une lettre de mon père me disant : «O mon fils ! Acquiers le savoir Si tu t'appauvrit, il sera pour toi un trésor et si tu t'enrichis, il te sera une beauté. »"
Dans "La science antique et médiévale" (des origines à 1450) sous la direction de René Taton. éditions PUF. Paris 1966. à la page 446, il est dit :
"Si nous réunissons les conditions religieuses et humaines, nous comprendrons la situation des savants musulmans et la poussée qu'ils ont donnée aux savants de toutes confessions et de toutes races, en les mobilisant pour une oeuvre commune en langue arabe. La science est effectivement une des institutions de la cité musulmane. Non seulement des mécènes l'encouragent, mais des califes travaillent à son instauration et à son développement. Il faut citer surtout Khalid, le «prince philosophe », dont l'action relève peut-être de la légende, AI-Mansûr, le fondateur de Bagdad, et Al-Mamoun qui envoyait des émissaires à la recherche des manuscrits pour les faire traduire avec ardeur."
{ Ceux qui craignent le plus Allah de Ses serviteurs, sont les savants [....] }
[ Sourate 35 - Le Créateur - Fatir - Verset 28 ]